Nogaro, une grosse faim de piloter
« Voilà, nous y sommes. Les moteurs rugissent à nouveau. La saison 2019 est lancée ! »
J’avais hâte d’arriver à ce week-end des 23 et 24 mars, de retrouver la meute des furieux de la Coupe Promosport 600 cc.
Le pilotage, c’est ma raison de vivre. Je suis un homme mécanique qui vibre au rythme de sa machine, un obsédé de la vitesse et de l’adrénaline qu’offre la course.
J’étais en manque. Ceux qui me suivent savent que j’ai vécu un hiver difficile suite à un accident survenu à Valence au mois de décembre dernier. Une double fracture tibia – péroné m’a contraint à subir une opération puis à porter un plâtre jusqu’à fin janvier, à marcher avec des béquilles un peu plus longtemps. J’enrageais de ne pas pouvoir piloter, m’entraîner, de ne pas travailler mon physique autant que je l’avais prévu.
Enfin, j’ai pu rouler en essais sur les pistes de Carole, Pau-Arnos et Fontenay-le-Comte. Un peu juste avant la première course. Mais il n’existe pas de circuit permanent près de chez moi, je ne dispose pas d’un gros budget, le temps avant le début de la saison était compté. J’ai fait de mon mieux avec les moyens du bord.
Fier de me sentir soutenu
Avant même de vous raconter ma première course 2019, je tiens à vous exprimer combien je suis fier de sentir votre soutien à tous.
Je pense à vous, mes amis, mes supporters, qui me manifestez votre sympathie quand j’ai le bonheur de vous rencontrer ainsi que sur les réseaux sociaux. Votre solidarité m’a beaucoup touché dans les moments pénibles, particulièrement lorsque j’étais blessé. Votre amitié m’a aidé dans ma convalescence et dans ma rééducation. J’en ai bavé, je l’avoue. Mais je devais me montrer digne de vous. Peu importaient les souffrances, les efforts. Je serrais les dents, rasséréné de sentir une communauté autour de mon projet, déterminé à vous montrer à quel point vous comptez pour moi.
Je remercie aussi tous les partenaires qui me suivent, quelle que soit leur contribution dont je sais qu’elle correspond au budget que leur entreprise peut consacrer à la communication. Soyez convaincus que j’ai à cœur de vous apporter un retour sur investissement qui vous satisfera. Nous y travaillerons ensemble. Vous connaissez ma disponibilité et ma volonté de faire équipe avec vous afin de promouvoir vos entreprises.
J’exprime ma profonde reconnaissance à deux fondations qui assurent des missions importantes, bien au-delà de mon projet personnel. En 2015, j’ai été lauréat du Prix de l’espérance de la Fondation Marcel Bleustein-Blanchet pour la Vocation. Un grand honneur et une responsabilité. Les membres de la fondation ont cru à mon rêve et continuent à m’épauler. J’ai le devoir de leur prouver qu’ils ne se sont pas trompés. Cette année, je porte les couleurs d’une autre Fondation, ARSEP – Solidaires En Peloton. Objectif, vaincre la sclérose en plaques, notamment en récoltant des fonds affectés à la recherche. Mon action dans le cadre d’un partenariat sportif contribue donc à une cause importante et noble. Cela m’enchante.
Nogaro, un circuit emblématique
Chaque début de saison représente quelque chose de particulier. Un moment de vérité. Qui va arriver avec quelle machine ? Où me situerai-je par rapport aux autres ? Chaque pilote se pose ces questions. Je n’échappe pas à la règle.
Je me suis organisé pour tourner deux jours en essais avant les qualifications et la première course. Des amis efficaces ont assuré mon assistance. Un vrai confort par rapport à ma solitude sur de nombreux circuits dans le passé. J’ai recouru aux services d’un coach que j’apprécie. J’ai tourné autant qu’il était raisonnable de le faire. « Plus tu tournes, plus tu te sens en confiance sur un tracé, donc plus tu peux espérer faire des temps d’entrée », m’a-t-on conseillé. Pas faux, d’autant que j’avais manqué la manche de Nogaro l’an dernier (elle se déroulait en fin de saison et j’étais en panne de budget). En outre, la piste du Gers étant éloignée de mes bases malouines, elle n’a jamais fait partie de mes sites d’entraînement.
Nogaro est un beau circuit équipé d’infrastructures de qualité. Son premier tracé s’inspira de celui de Sebring en Floride. Actuellement, les pilotes s’affrontent sur une piste de 3.636 mètres intégrant une ligne droite d’un kilomètre ainsi que des virages variés et relevés avec de l’appui. Un circuit rapide, technique, garantissant du plaisir. Seul point négatif, les vibreurs, conçus pour l’automobile plus que la moto. Le motard a l’impression de taper un obstacle lorsqu’il les prend. J’ai également constaté des bosses causées par les voitures quand elles ré-accélèrent. A moto, ça bouge à peu près partout.
Des satisfactions et de l’énervement
La météo s’annonce clémente tout au long du week-end. Aucun risque de pluie.
Les qualifications se déroulent samedi matin. J’ai progressé à chaque série de tours pendant les essais. Je sais que la concurrence sera rude en Coupe de France Promosport 600 cc cette année. Mon coach m’a conseillé de prendre du plaisir sur la moto, de ne pas trop me mettre la pression, que c’est la meilleure solution pour claquer des temps. Je pars déterminé, mais sans oublier ces conseils. Je rentre après deux séries de tours. J’ai signé le 14ème temps. Je suis un peu déçu, j’aurais évidemment aimé faire mieux. Ceci dit, j’ai économisé mes pneus. Certains me féliciteront car j’ai roulé avec ma tête, j’ai géré le début de mon week-end de course. J’espère qu’ils ont raison.
La première course se dispute au milieu de l’après-midi. Je suis enfermé au départ. Pas si grave. Tout se remet en place dans ma mécanique de pilote, Je me sens de plus en plus en confiance. Je gagne des places. A un moment, j’en perds deux. Pas longtemps, je redouble ces deux adversaires en même temps. J’apprendrai après l’arrivée que j’ai réalisé un meilleur temps en course que ma performance en qualifications. Je suis donc sur la bonne trajectoire ! Je termine cette première manche huitième, après avoir gagné six places. Je marque mes premiers points de la saison. Une vraie satisfaction après l’hiver que j’ai traversé.
La deuxième course s’élance dimanche en début d’après-midi. Je pars côté extérieur de la piste. Je réussis un super départ et je me retrouve septième. Je perds deux places mais j’espère bien les reprendre. Je me sens à l’aise, bien décidé à me battre, à marquer à nouveau des points. C’était sans compter sur un adversaire qui va me percuter au 11ème tour. Je suis à fond de 3ème, donc déjà vite. L’autre me balance en arrivant sur une trajectoire complètement inattendue. Le choc est violent. Je me trouve projeté en l’air puis sur le bitume. Les motos glissent pas loin de ma tête. Je ne peux pas me relever. Heureusement, l’airbag de la combinaison a assuré son office et le casque m’aura bien protégé. Drapeau rouge, la course est arrêtée. Je suis transporté au poste médical du circuit, passablement sonné. J’en ressortirai sans passage par l’hôpital. J’ai tout de même mal à la cheville, je boite et j’aurai bientôt l’impression d’être passé dans une machine à laver.
La course procure des joies exceptionnelles. Les déceptions se ressentent avec la même intensité que les bons moments. Là, je suis franchement en colère. Je ne pouvais rien faire pour éviter cet accident. Je perds l’occasion de marquer des points dans cette deuxième course du week-end. Il me faut changer mon casque – très endommagé – et ma combinaison. Sans oublier les dégâts sur la moto, le carénage explosé et ce que nous risquons de découvrir au démontage. Des frais inévitables, des heures de travail inutiles en perspective pour moi comme pour ceux qui ont la gentillesse de m’aider.
Rassurez-vous, je ne vais pas pleurer sur mon sort. Mon esprit se tourne résolument vers la prochaine course, à Carole les 27 et 28 avril. D’ici-là, j’aurai réparé la moto, récupéré une condition physique parfaite, retrouvé le moral. Car la passion est plus forte que tout. Rien ne saurait l’atteindre. Je repars très vite en essais et je serai à Carole avec la volonté de signer le meilleur résultat possible tout en prenant un maximum de plaisir sur la moto !
Merci encore à tous mes partenaires, à tous mes amis, à tous mes supporters.